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Ready Player One – Comparaison Film vs Livre

Il y a quelques temps, j’ai lu Player One, le bestseller d’Ernest Cline. Et hier soir, je suis allée au cinéma voir Ready Player One, son adaptation cinématographique par Steven Spielberg. Je ne veux en aucun cas vous lister les différences entre les deux œuvres, ni toutes les références qu’on peut y trouver. Vous trouverez certainement sur le net de nombreux articles qui s’y consacrent. Je souhaite tout simplement vous faire partager mon avis.

Ready Player One – l’histoire

Nous sommes en 2045. Le monde est pollué, l’écart entre les riches et les pauvres s’est encore plus creusé. Et pour fuir leur quotidien, hommes et femmes, enfants et adultes se retrouvent dans l’Oasis. Dans cet univers virtuel, on peut tout faire, tout acheter, être ce que l’on rêve… la seule limite est notre propre imagination.

James Halliday, le concepteur de l’Oasis est décédé. Tous les utilisateurs de l’Oasis ont reçu un message post mortem dans lequel Halliday les invite à une véritable chasse à l’Easter egg. Celui qui trouvera en premier l’oeuf en or héritera de sa fortune et des commandes de l’Oasis. Et pour trouver cet objet, Halliday a caché trois clés qui ouvrent trois portails et conduisent à l’oeuf. Suite à ce message, des centaines de personnes se sont mises en quête de l’objet légendaire, on les appelle les chassoeufs. Pourtant, que cela soit des joueurs déterminés, des clans ou de grandes multinationales comme Innovative Online Industries (IOI), au bout de 5 ans, personne n’a réussi à trouver la moindre piste.

Wade Watts aka Parzival espère être le premier à trouver l’Easter egg de Halliday. Ce jeune homme âgé de 18 ans vit avec sa tante dans les piles, une espèce de mobilhomeville où les caravanes sont entassées les unes sur les autres. Puis un jour, Wade trouve la première clé…

Une histoire pas toujours bien ficelée

Ernest Cline a participé à l’écriture du scénario. Et effectivement l’histoire du film Ready Player One se rapproche de celle du roman, en termes de trame de base et de personnages. Mais si le livre est captivant malgré certaines lourdeurs, le film manque cruellement de complexité et de subtilité.

Dans le livre, j’avais trouvé quelques lenteurs, notamment la romance entre Parzival et Art3mis, une autre chassoeuf, ou encore le passage quand Wade se retrouve chez IOI pour hacker leur système. Quant au scénario du film, je le trouve un peu bancale avec des raccourcis un peu grossiers. Par exemple lorsque Wade s’échappe de la friche pour fuir les soldats d’IOI. Il se retrouve alors nez à nez avec ses potes chassoeufs : Aesh, Daito et Shoto. Peut-on m’expliquer également pourquoi tous ces gens vivent dans la même ville ? Alors que ce n’est pas du tout le cas dans le bouquin…

De plus, la romance « je t’aime moi non plus » est encore plus ridicule dans le film. Après la scène de la discothèque, Art3mis jette Parzival pour mieux le chercher quelques heures après dans le monde réel, what the fuck ? Cette fille ne serait elle pas un peu girouette sur les bords ? Au moins dans le livre ce passage est à mon sens un peu plus cohérent. De plus, Wade rencontre Samantha qu’à la dernière page du roman. Et donc le mystère sur l’identité réelle d’Art3mis plane jusqu’à la fin du livre. 

Enfin, ce qui m’a profondément déçu dans le film c’est la rébellion. Complètement inexistante dans le livre, et heureusement, c’est Art3mis qui l’introduit. Franchement, ce perso est complétement raté d’un point de vue scénaristique mais aussi graphique, l’avatar est franchement laid. Bref, la rébellion gâche complètement le film. C’est tellement vu et revu : ces gentils rebelles planqués dans une friche qui combattent la vilaine corporation. Le chef a un avatar cliché ressemblant à Mr. Bison dans Street Fighter.

Références et placements de produit

Si Wade Watts qui est né aux alentours de 2027 est si passionné par la culture des années 1980 c’est à cause de James Halliday. Ce dernier était obsédé par la culture pop de son enfance. Pour retrouver l’Easter egg, Wade et les autres chassoeufs doivent se plonger dans les années d’insouciance de Halliday et donc à l’époque des premiers jeux vidéos. Le livre est alors truffé de références en termes de retro gaming bien sur, mais aussi de films, de livres, de jeux de rôles, de sitcoms. Et à mon grand regret, on ne retrouve pas toute cette richesse dans le film.

Bien sûr il y a plein de références, même plus modernes comme Overwatch ou Halo. Mais tous ces éléments figurant dans Ready Player One sont juste là pour flatter l’égo de Steven Spielberg et ses copains de la Warner. Certes, Spielberg est totalement légitime dans la production de ce film. En particulier parce qu’il est lui-même cité dans le livre. Toutefois, il reste de nombreux abonnés absents, et en particulier tout l’univers heroic fantasy.

De plus, certains clins d’œil du film n’apportent rien au scénario. Alors que les références du livre sont importantes puisqu’elles sont cruciales à la recherche de l’Easter egg,

La quête vous la voulez en mode facile ou hard ?

Dans le livre, les chassoeufs font face à des épreuves complexes, et qui ne se limitent pas à une course en marche arrière ou juste fouiller une scène culte. Même si ces deux scènes sont cinématographiquement superbes.

La quête de l’Easter Egg prend plus de temps, les énigmes sont difficiles. Les épreuves requièrent de l’entrainement, de la compétence, connaissance, mémoire et endurance. Par exemple, Wade doit rejouer tout le film Sacré Graal des Monty Python. De plus, il gagne des points supplémentaires s’il joue avec la bonne intonation. Dans le film, Wade remporte une pièce de 25 cents grâce à un simple pari, alors que dans le livre il doit réaliser un score parfait à Pac Man. 

De plus, dans le livre remporter une clé n’est pas l’étape finale, elle donne juste la possibilité d’accéder à un portail où attend une nouvelle épreuve. Alors que le film Ready Player One est bien plus simpliste : on gagne une clé, on remporte un nouvel indice. La recherche de l’Easter egg est trop facile, il manque le côté aventurier du livre. J’aurais aimé voir une espèce d’Indiana Jones junior version geek.

En fait, je trouve que Ready Player One souffre du même mal que la plupart des films ou jeux qui sortent de nos jours. C’est du consommable. Comme il n’est pas censé durer dans le temps – et croyez-moi ce film vieillira mal – Spielberg nous a pondu un œuf avec un bel emballage mais une coquille vide. C’est facile, ça plaira au grand public.

L’Oasis – un monde réalisable mais pas réaliste

Si dans le film, l’oasis passe pour un immense mmorpg, il en est tout autrement dans le livre. Dans l’Oasis de Player One, les gens peuvent évidement jouer, mais aussi faire du shopping, voire même aller à l’école. Et à mon sens, un univers qui réunira éducation, loisirs, recherches, relations… est totalement possible et envisageable. Je crois sincèrement qu’un jour il existera, et qu’on utilisera nos bitcoins pour commercer voire même gagner sa vie. Mais de là à ce que le virtuel annihile totalement le réel, comme le fantasment de nombreux films : Avalon, Matrix, Tron ou même des séries comme Caprica. Sincèrement je n’y crois pas du tout. Mais seul l’avenir nous le dira…

Ce que j’ai aimé…

Ce que j’ai particulièrement apprécié que cela soit dans le film ou le livre c’est le personnage de James Halliday. Je me suis totalement identifiée à lui. Et là j’entends les réflexions :

Quoi ? tu te reconnais en un vieil autiste grisonnant ?

En fait je suis sensible à ce parallèle entre notre futur et notre passé. Je m’identifie à ce personnage qui a grandi devant ses consoles et qui développait son imaginaire. Il adorait voir et revoir ses films préférés cultes des années 80 – 90, et les reproduire dans ses jeux de rôle ou jeux vidéos. Et je m’interroge également sur notre avenir, serons-nous, nous aussi, dans 30 ans, nostalgiques de cette période, un peu comme les vieux qui regrettent l’époque de la guerre. C’était mieux avant !

Cela étant dit, je trouve la fin un peu niaiseuse, en particulier dans le film Ready Player One où je n’apprécie pas l’aspect sermonneur « la vie réelle c’est mieux ». Toutefois, derrière ce message un peu cliché, j’en décèle aussi un autre. L’évasion dans les jeux vidéos nous donne la possibilité, comme à Wade et ses acolytes de sortir de sa vie pas forcément misérable – Artemis vit dans une maison en banlieue et non dans les piles – et de devenir quelqu’un d’autre, de posséder des pouvoirs extraordinaires, de partir à l’aventure. Car au final, si on joue à des jeux vidéos, des jeux de rôles, si on aime tant les films de science fiction ou fantastiques, c’est pour pouvoir s’échapper, rêver, développer son imaginaire. Et je crois que c’est surtout sur ce point là que Ready Player One communique à travers ses références geek.

Et donc je vous le recommande…

Est-ce que je reverrai ce film ? Peut-être pour m’amuser à retrouver les références que j’ai zappées. Ou pour le faire découvrir aux W² quand ils en auront l’âge.

Le livre m’a beaucoup plu, j’ai complétement accroché et je l’ai dévoré. Est-ce que je le relirai ? C’est fort possible, mais pas tout de suite.

Est-ce que vous je le recommande ? oui parce que vous passerez quand même un bon moment en famille.

Et vous qu’en avez-vous pensé ? Cela vous donne-t-il envie de lire le roman ?

Une réflexion sur “Ready Player One – Comparaison Film vs Livre

  • Emilie

    Merci pour cet article. Ça m’a donné envie d’acheter le livre, mais pas forcément d’aller voir le film. D’ailleurs, je suis souvent déçue quand je lis un livre et que je vais ensuite regarder son adaptation au cinéma.

    Répondre

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